Interview España 1936

[Atlantis 168]

C’est mardi prochain qu'AGEOD lance España 1936 : un jeu de stratégie historique sur un thème rarement abordé, à savoir la guerre civile espagnole.

Transposant sur PC ce conflit, souvent considéré comme l’un des prémices de la seconde guerre mondiale, España 1936 s’appuie sur le moteur AGE que les fans de Civil War II, de Alea Jacta Est ou de Pride of Nations connaissent déjà.

Nous vous proposons une visitée guidée, sous la forme d’une interview exclusive du responsable de développement, qui vous emmènera sur le terrain d’España 1936 et des combats entre nationalistes et républicains !

1. Pourriez-vous vous présenter en quelques mots (précédents projets, jeux favoris,…) ?

Avant tout, je suis un vrai passionné de jeux de stratégie. Je joue à ce type de jeu depuis mes 16 ans. Au départ j’étais d’ailleurs surtout intéressé par les jeux de plateau puis je me suis mis à leurs déclinaisons informatiques au fur et à mesure. Mais toujours sur des jeux de type wargames. Ces dernières années j’ai découvert les productions d’AGEOD (Birth of America, American Civil War, etc.) et j’espérais qu’un studio développe un jeu sur la Guerre d’Espagne, ce qui n’est jamais arrivé. Finalement l’année dernière je me suis lancé dans cette aventure et mon jeu est sur le point de sortir !

2. À propos d’España 1936, qu’est-ce qui vous a poussé à vous intéresser à la Guerre d’Espagne ? Êtes-vous un expert de ce conflit ?

J’ai toujours été intéressé par le sujet. Je suppose qu’être Espagnol contribue à cette curiosité. Comme vous pouvez l’imaginer, j’ai beaucoup lu sur cette guerre. J’ai également recueilli beaucoup d’informations grâce à Internet et je pense avoir atteint un niveau de connaissance suffisant pour porter un tel projet. Mais je suis sûr qu’il y a de plus grands spécialistes que moi sur ce sujet. Disons que je suis avant tout un expert du moteur AGE.

3. Quelles particularités de la période « entre deux guerres » avez-vous introduites dans España 1936 ?

Dans España 1936, j’ai utilisé des fonctionnalités déjà existantes dans les derniers jeux Ageod et notamment les cartes de décisions régionales apparues dans Alea Jacta Est. Ce sont des atouts que vous pouvez utiliser à tout moment et qui ont des conséquences immédiates sur le conflit. Ce système m’a par exemple permis d’introduire des actions comme des bombardements ou des missions de protection aérienne. Je suis convaincu que les joueurs apprécient ces cartes et que les nouveaux-venus, qui découvrent les mécanismes Ageod, comprendront vite leur utilisation.

4. Avez-vous prévu d'intégrer les interventions étrangères (fascistes italiens, conseillers soviétiques, nationalistes portugais, brigades internationales...) au sein d'España 1936 ? Si oui, de quelle manière ?

Bien sûr ! Dans le jeu vous rencontrerez des volontaires italiens, les viriatos (Portugais), des chars soviétiques et les brigades internationales avec leurs formations et leaders historiques. J’ai essayé de les intégrer dans le jeu tout en respectant leurs véritables rôles historiques.

5. Comment les événements historiques de l’époque se traduisent t'ils dans les parties ?

Comme dans tous les jeux Ageod, dans España 1936 des événements historiques sont simulés. Certains apparaissent automatiquement lorsqu’on s’approche des grandes dates du conflit, d’autres sont disponibles sous forme d’options qui obligent le joueur à dépenser des ressources s’il veut les activer. Ce dernier est donc obligé de faire des choix !

6. Un petit mot sur les possibilités politiques et diplomatiques ? Quel est le rôle des différents mouvements de l'époque au sein de chaque camp (fascistes des phalanges, trotskistes...) ? Cela a t’il un impact sur les partisans ?

Pas vraiment. Bien sûr certains événements mettent en avant ces groupes. Mais si la Phalange a ses propres unités, elle fait partie de l’armée nationaliste. Les anarchistes sont représentés à travers une sous-faction distincte. Cela signifie qu’ils se battent avec les Républicains mais affichent certaines différences par rapport à ces derniers. Quant aux partisans, ils apparaissent à travers les fameuses cartes de décisions régionales et non pas sous forme d’unités.

7. Quel sera le degré de liberté du joueur par rapport à la réalité historique ? Une paix anticipée, avec par exemple une réconciliation entre Nationalistes et Républicains, sera t'elle possible ou la fin de la partie devra-t’elle forcément se traduire par la victoire d'un seul camp ? Quelles sont les conditions de victoires possibles ?

Il existe deux possibilités pour gagner : capturer tous vos objectifs sur la carte ou faire descendre le moral de l’ennemi jusqu’à un seuil fatidique. En aucun cas un accord de paix peut être trouvé entre les deux camps. Mais vous n’êtes pas contraint de suivre l’histoire puisque vous pouvez par exemple choisir de ne pas demander l’appui de l’URSS ni de former l’armée populaire ou de déplacer toutes les troupes de l’armée d’Afrique en Espagne. Cela peut rendre les choses plus difficiles mais c’est au joueur de décider.

8. Pourriez-vous nous parler du mode solo ? Quels seront les campagnes et les scénarios disponibles ?

Si vous connaissez les jeux Ageod, vous ne serez pas dépaysé. Le joueur doit choisir un camp et l’IA s’occupe de l’adversaire. Dans les options, vous pouvez sélectionner le niveau d’agressivité de cette dernière, ce qui modifie son comportement et son aversion au risque.

España 1936 est composé de trois tutoriaux et deux scénarios. Le premier s’appelle La Chute du Nord et revient sur l’invasion des régions du nord par les Nationalistes en 1937. C’est un scénario court qui dure 26 tours. Et le second couvre en fait l’intégralité du conflit : il commence le 18 juillet 1936 et se termine en août 1939 (sauf si la victoire intervient avant cette date). Chaque tour représente une semaine donc je vous laisse faire le calcul !

9. Quelle technologie avez-vous utilisé pour le multijoueur ? Le PEBM sera t'il supporté ?

Le jeu utilise le système de PBEM présent dans les autres jeux Ageod. L’hôte reçoit les ordres de son adversaire et lance la résolution du tour. Le joueur non-hôte peut ensuite également visionner les événements grâce à un système de replay.

10. Pouvez-vous nous parler des unités de chacun des deux camps dans España 1936 ? Qu'est-ce qui distinguera les troupes nationalistes des unités républicaines ? Des doctrines militaires et des capacités d’enrôlement différentes ? Une organisation plus faible pour les Républicains ? Des moyens (blindés, avions...) différents ? Quels seront les atouts et les faiblesses de chaque camp ?

Dans le jeu, il y a différents types de groupes de combat. Les unités sont un rassemblement de ces groupes. On trouve par exemple de l’infanterie régulière, des blindés légers, des chars, de l’artillerie, de la cavalerie, de la milice, de l’infanterie de marine, etc. La faiblesse principale des Républicains est leur manque initial de troupes régulières et de commandants de qualité. Côté Nationalistes, c’est évidemment le contraire. Ils ont des unités d’élite et de nombreux leaders dès le début du conflit. Les leaders sont très importants dans le jeu car ils améliorent les performances des troupes de nombreuses façons. Si on fait un zoom sur les Nationalistes, on peut notamment mettre en avant la Légion Condor, Le Corps des Troupes Volontaires d’Italie ainsi que d’autres corps de vétérans… Les Républicains n’ont pas de troupes d’élite mais ils ont quand même des forces intéressantes avec les brigades internationales, les brigades mixtes et les Nationalistes basques.

11. La marine sera t’elle jouable ? Si oui, quel sera son rôle ?

Oui, vous trouverez des destroyers, croiseurs, cuirassiers et navires de transport de l’époque. La guerre navale n’était pas capitale dans ce conflit mais si les joueurs utilisent leurs navires à bon escient, cela pourrait bien être décisif ! D’ailleurs une carte de décision peut être jouée sur une région particulière ; elle requiert la présence d’un croiseur et permet aux Républicains d’obtenir des renforts. C’est une manière d’inviter les joueurs à ne rien laisser de côté. De petits débarquements et des sous-marins sont également de la partie, toujours sous forme de cartes de décisions.

12. Comment sera définie la chaîne de commandement et de ravitaillement d'une unité ?

Il y a trois types de leaders :

[*]3 étoiles qui ont la capacité d’être à la tête d’une Armée (ainsi que de corps et divisions)

[*]2 étoiles qui peuvent commander des corps (et divisions)

[*]1 étoile qui peuvent seulement diriger des divisions

Donc la structure fonctionne en armée-corps-divisions, comme dans le jeu d’Ageod, Revolution Under Siege. Chaque unité a besoin de peu de ravitaillement mais doit faire partie d’une chaîne logistique pour avoir des ressources à chaque tour. Il faut donc qu’elle soit liée à une ville, un dépôt ou des unités spécialisées dans le ravitaillement. Les unités qui sont coupées de la chaîne subissent des pertes et peuvent même disparaître de la carte si cela dure plusieurs tours.

13. Sera t'il possible de choisir des leaders ayants des compétences particulières pour commander certaines unités ? Est-ce que le choix des officiers aura un impact sur l’organisation ou le moral des troupes ?

Vous pouvez dépenser des ressources pour recevoir plus de leaders dès 1937. Et certains commandants ont des capacités spéciales comme des bonus qui améliorent les statistiques de certaines unités. Vos troupes peuvent combattre plus efficacement, gagner des points de moral, se déplacer plus rapidement ou battre en retraite plus facilement si jamais une bataille semble se diriger vers une défaite, etc.

14. Le jeu sera t'il moddable ?

Tout à fait, comme la plupart des jeux Ageod. España 1936 était d’ailleurs à la base, un mod de Revolution Under Siege (Ageod).

15. Merci pour votre temps et ces informations. Souhaitez-vous ajouter un dernier mot pour les joueurs ?

C’est ma toute première expérience en tant que designer. J’ai tout fait pour que ce projet voie le jour et j’espère que les joueurs apprécieront ce wargame !

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[Rem 12]

Superbe interview, merci beaucoup. L'info a été relayée sur Mundus Bellicus comme convenu .

[Atlantis 168]

Merci Rem.